Dans son ouvrage 2k to 10k : Writing Faster, Writing Better, and Writing More of What You Love, Rachel Aaron explique comment elle a réussi à écrire plus vite en passant 2 000 mots à 10 000 mots par jour.
Ecrire 10 000 mots, vraiment ?
Déjà, le titre est assez relatif, car Rachel Aaron explique en réalité comment elle est passée de 500 mots par heure à 1500 mots. Et étant donné qu’elle passe ses journées à écrire, c’est finalement beaucoup moins impressionnant que ce que le titre laisse paraître. De plus, c’est une autrice architecte, donc qui planifie énormément et sait à l’avance ce qu’elle va écrire dans chaque scène. Le temps de réflexion est donc réduit, contrairement à des auteurices jardinier·es qui doivent parfois prendre le temps de réfléchir à la suite de leur histoire au fil de leur écriture.
Cependant, ses conseils peuvent malgré tout aider certaines personnes, donc les voici :
1) savoir ce que vous allez écrire avant de l’écrire
Plutôt que d’avoir une idée vague de ce que vous voulez écrire, dressez un plan de tous les points que vous voulez aborder dans votre scène (quelles discussions, quel genre de description, à quoi sert cette scène dans votre roman, etc.). Une fois cette petite liste faite, vous pouvez vous attelez à la rédaction.
Rachel Aaron affirme passer chaque jour 5 minutes à prévoir ce qu’elle écrira lors de sa session. Cela lui permet de donner une ligne directrice et du sens à sa scène. Et rien qu’avec ce conseil, elle explique être passée de 2000 à 5000 mots par jour.
2) Étudiez votre efficacité
L’autrice a pendant 2 mois, noté dans un tableau chaque fois qu’elle écrivait, le temps qu’elle y consacrait, le nombre de mots, ainsi que le lieu de ses sessions.
Elle a par exemple constaté qu’elle écrivait mieux l’après-midi, et dans des cafés. À partir de là, elle s’est cantonnée à organiser son temps d’écriture en fonction de cette productivité. Cela lui a permis d’arriver à 7000 mots par jour en 4 heures de travail.
3) Aimez ce que vous écrivez
Elle s’est aussi rendu compte que ses pics de productivité étaient souvent liés aux scènes qu’elle adorait ou qu’elle avait hâte d’écrire. Elle a donc réalisé que si les autres scènes l’ennuyaient à ce point, c’est que ces scènes ne devaient pas être écrites.
Elle a donc essayé dans chaque phase de planification des scènes de se mettre en condition et de penser à tous les petits aspects amusants ou intéressants qu’elle voudrait aborder. Si aucun aspect attrayant ne lui vient en tête, alors elle supprime la scène ou la change complètement. Et c’est avec ce dernier point qu’elle affirme être passée à 10 000 mots par jours.
Conclusion
La productivité de Rachel Aaron repose finalement surtout sur le fait qu’elle planifie et rationalise tout son processus d’écriture (elle explique d’ailleurs sa méthode pour planifier ses romans dans la deuxième partie du livre). C’est une méthode qui marche effectivement bien pour les auteurices architectes, mais qui demande un peu plus de flexibilité pour les auteurices de type jardinier pour ne pas bloquer leur imagination.
Attention cependant à l’injonction à la productivité dans l’écriture qui peut rapidement devenir culpabilisante. L’important à retenir est que chacun·e avance à son rythme, chacun·e a sa façon d’écrire ; celleux qui refusent de continuer d’écrire si leur phrase ne leur plait pas écriront forcément moins que celleux qui écrivent au fil de leurs pensées (mais ce temps sera peut-être rattrapé sur les réécritures).
La plupart des livres sur comment écrire plus vite/plus de mots/mieux sont généralement des livres écrits par des personnes qui dédient leur vie à l’écriture, et qui ont donc quitté leur ancien travail pour s’y consacrer à 100 %. En partant de ce constat-là, on comprend très vite qu’il y a une « urgence » à être efficace si l’on veut vivre de nos écrits. Une urgence que l’on n’a pas forcément lorsque l’on écrit un livre à côté de son activité principale. Cela peut d’ailleurs être une solution radicale pour les personnes qui n’arrivent pas à consacrer autant de temps qu’elles le voudraient à l’écriture. Mais cette solution demande évidemment des ressources financières importantes pour assurer sa survie à côté.
Donc plutôt que de culpabiliser pour le nombre de mots que vous écrivez, prenez conscience que vous faites déjà de votre mieux avec la vie que vous menez actuellement. Se dégager une heure par jour pour écrire lorsque l’on travaille en 35 heures, avec une vie sociale à entretenir ou des enfants peut vite être compliqué. Vous menez une vie à côté, et mener une vie d’écrivain·e prend tout autant de temps, donc prendre des moments pour souffler est vital dans votre cas pour ne pas faire de burn-out.
Plus que le nombre de mots, c’est plus le plaisir et la satisfaction qui devraient vous importer en tant qu’auteurice « non professionnel·le » (dans le sens où ce n’est pas votre activité principale). Si le fait que vous devez payer votre loyer ou pouvoir manger chaque mois ne dépend pas de votre écriture, vous mettre autant la pression pour être productif n’est peut-être pas nécessaire, car cela peut vite être culpabilisant, voire vous bloquer dans votre processus créatif.
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