Écrire sur l’asexualité

L’asexualité est une orientation sexuelle qui désigne le fait de ressentir peu ou pas d’attirance sexuelle pour les autres personnes.

L’asexualité, comme pour les autres orientations, est un spectre avec différentes façons de s’identifier en tant qu’asexuel·le.

L’orientation sexuelle peut être mouvante : c’est ok si une personne ne se sentait pas asexuelle avant et le devient ou si elle se sent sur le moment asexuelle, mais qu’elle s’identifie plus tard à une autre orientation.

Il n’y a donc pas de « faux·sses asexuel·les ».

Le spectre de l’asexualité

Il y a de nombreuses façons de vivre l’asexualité. Une personne asexuelle peut avoir de la libido ou non, elle peut se masturber ou non, elle peut avoir des rapports sexuels ou non, elle peut aimer le sexe ou non, et être en couple ou non.

L’asexualité n’est pas forcément synonyme d’aromantisme. Une personne asexuelle peut avoir des sentiments amoureux, tout comme elle peut être asexuelle et aromantique.

L’excitation sexuelle, la libido et l’attirance sexuelle sont trois choses distinctes, et chaque personne asexuelle peut ressentir de manière différente ces trois aspects.

Le problème, comme pour la plupart des orientations qui ne sont pas l’hétérosexualité, c’est que cette pluralité des expériences de l’asexualité n’est que rarement prise en compte et les mêmes clichés ou types de personnages sont souvent repris. Il convient donc de rappeler certains faits, pour essayer de comprendre pourquoi la plupart des représentations que l’on trouve dans la culture populaire sont problématiques :

Ce que n’est pas l’asexualité

L’asexualité n’est pas l’abstinence. L’abstinence est un choix, l’asexualité est une question d’attirance. Une personne asexuelle peut être abstinente, tout comme elle peut ne pas l’être.

L’asexualité n’est pas une pathologie. Les troubles de la libido ne sont pas l’asexualité ; une personne peut souffrir d’un trouble de la libido mais être asexuelle indifféremment de cette condition.

L’asexualité n’est pas liée à des traumatismes psychologiques. Un traumatisme vécu par une personne asexuelle peut renforcer une aversion au sexe tout comme cela ne peut rien changer ; une personne est asexuelle indépendamment de ses traumatismes.

L’asexualité n’est donc pas un choix, et ne se soigne pas non plus.

De même, il est important de comprendre les différentes formes de discrimination dont souffrent les personnes asexuelles afin d’essayer de ne pas perpétuer des clichés qui pourraient légitimer ces violences :

Formes de discriminations

L’asexualité est parfois considérée comme une orientation « invisible ». Cela n’évite pas pour autant des formes de violences à l’encontre des personnes asexuelles.

Cette invisibilisation peut être source de souffrances psychiques, car la personne a le sentiment de se sentir « anormale » en n’étant pas représentée ou alors de façon négative.

Il y a une injonction à la sexualité qui peut être perçue comme oppressante. Une personne qui n’est pas intéressée par le sexe sera considérée comme « bizarre » par les autres. Et si elle est en couple, la fameuse phrase sexocentrée « le sexe est le ciment du couple » peut lui mettre la pression pour se forcer à avoir des rapports afin de paraître « normale ».

Des personnes asexuelles sont victimes de viols « curatifs » sous prétexte qu’avoir un rapport sexuel pourrait les « guérir » ou pour qu’elles soient « certaines » de leur asexualité.

Les représentations et clichés liés à l’asexualité

Les clichés racistes : certaines communautés minorisées sont plus souvent associées à l’asexualité que d’autres. Il y a très peu de représentations de personnages asexuels, mais dans le peu qu’il y a, on retrouve souvent des hommes étant perçus comme asiatiques. Les personnages de femmes noires peuvent aussi subir de manière maladroite une « désexualisation » afin de lutter contre d’autres stéréotypes négatifs en lien avec leur hypersexualisation.

Le cliché de « l’autiste » asexuel·le : Toutes les personnes autistes ne sont pas asexuelles, même si certaines d’entre elles peuvent effectivement l’être. Dans la culture populaire, lorsqu’un personnage ne correspond pas aux normes de sociabilité admises (il est considéré comme « bizarre », « asocial », et tous les clichés que l’on associe aux autistes), il est souvent sous-entendu qu’il est également asexuel.

Le cliché de l’asexuel·le immature et anti-sexe : Ne pas ressentir d’attirance ou exprimer une indifférence pour le sexe est souvent considéré comme une preuve d’immaturité. Les personnages asexuels peuvent donc être montrés comme étant puérils ou en ayant des réactions de exagérées de rejet envers le sexe.

Le cliché du méchant asexuel : le trope du Villainous Aromantic Asexual se base sur le principe erroné que tout être humain « normal » devrait ressentir de l’attirance. Par conséquent, dans l’imaginaire commun, si une personne ne ressent pas d’attirance ou de sentiments amoureux, c’est qu’il y a un « problème » avec cette personne. L’asexualité est donc parfois une justification à la cruauté ou au manque d’empathie de certains méchants dans la fiction ( par exemple Voldemort dans Harry Potter semble être décrit comme asexuel).

L’origine de ces clichés sur l’asexualité est sexo- et hétéronormée : tout ce qui sort de ces normes sexuelles et hétérosexuelles est perçu comme anormal et stigmatisé.

Des pseudo justifications sont alors trouvées pour expliquer une orientation sexuelle : « tu n’as pas encore trouvé le/la bon·ne », « ça doit être un problème d’hormones  », « ça va te passer », « tu dois être juste un peu déprimé·e », « tu dois être un·e gay/lesbienne refoulé·e », « tu devrais en parler avec un psy », qui sont autant d’idées reçues problématiques et oppressantes pour les personnes concerné·es.

Il y a de nombreuses façons de vivre l’asexualité (comme n’importe quelle orientation sexuelle), et c’est pourquoi les représentations devraient être tout autant diversifiées plutôt que de simplement obéir aux stéréotypes cités.

Conclusion

Comme d’habitude, si vous souhaitez écrire sur ce sujet, faites bien vos recherches, échangez avec des personnes concernées et faites-vous relire par des sensitivity readers.

Tous les exemples de clichés cités peuvent correspondre à des personnes dans la vie réelle (des personnes noires ou perçues comme asiatiques sont asexuelles, des autistes le sont également, etc.). Mais si vous souhaitez faire un personnage de ce type, l’important ici est de vous demander pourquoi vous avez décidé de les faire asexuels (en d’autres termes, est-ce que vous avez été influencé par les stéréotypes négatifs ou bien voulez-vous proposer une représentation dite « intersectionnelle » ?).

Il y a énormément de façons de vivre l’asexualité et dont certaines portent même un nom précis (demisexualité, semisexualité, ignotasexualité, etc.), donc je vous invite à vous renseigner plus en détail sur le sujet si jamais vous souhaitez écrire sur le sujet. La communauté LGBT+ France sur Amino est une mine d’or pour visibiliser et rendre accessible en français toutes ces orientations sexuelles.

Le livre Asexualité de Julie Sondra Decker n’est pas parfait, mais il reste très complet et est surtout traduit en français, donc cela peut être une bonne porte d’entrée si vous avez l’occasion de vous le procurer !

C’est difficile d’être exhaustive sur ce sujet en 10 slides, donc n’hésitez pas à consulter les ressources citées.

Livres avec des personnages asexuel·les

Loveless d’Alice Oseman

A Snake Falls to Earth de Darcie Little Badger

The Reckless Kind de Carly Heath

Rick d’Alex Gino

Summer Bird Blue d’Akemi Dawn Bowman

A Dark and Starless Forest de Sarah Hollowell

Six Angry Girls d’Adrienne Kisner

Help Wanted de J. Emery

Ressources

Asexualité de Julie Sondra Decker : un ouvrage très complet et l’un des rares traduits en français qui traite précisément de ce thème (un bémol cependant pour les données qui commencent un peu à dater).

Understanding asexuality de Anthony F. Bogaert (ouvrage d’un chercheur en psychologie qui a beaucoup étudié l’asexualité)

– Le site internet AVEN (The Asexual Visibility and Education Network) qui sensibilise sur l’asexualité.

– Communautés : #asexual sur Tumblr, et r/asexual et r/asexuality sur Reddit

– Le Tumblr Writing with color aborde dans son post « Asexual characters of color & tropes » les clichés racistes liés à l’asexualité.

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