La bêta-lecture est une étape essentielle dans l’écriture d’un manuscrit. C’est lorsque votre texte est relu par d’autres personnes pour vous faire un retour critique sur tout un tas d’éléments de votre roman (les personnages, le style, l’intrigue, la cohérence, etc.).
C’est donc le moment où vos idées sont mises à l’épreuve afin de voir si elles fonctionnent ou non, mais aussi le temps des premiers retours qui vous permettront de perfectionner votre histoire. Même si en tant qu’auteurice on a généralement conscience de ses lacunes ou points forts, on peut parfois être surpris d’être passé complètement à côté d’incohérences ou de passages incompréhensibles.
Les bêta-lecteurices sont donc vos alliés de choix pour peaufiner votre manuscrit avant de l’envoyer en maison d’édition, et sont quasi obligatoires si vous décidez d’autopublier.
Nous allons donc voir ensemble quelques petits points sur lesquels s’attarder pour choisir les personnes qui vous reliront.
Est-ce que ma mère/mon oncle/un·e ami·e peuvent être mes bêta-lecteurices ?
Si ces proches lisent beaucoup, appartiennent à votre public cible et qu’ils pourront vous faire un retour le plus objectif et complet possible, alors vous avez de la chance et vous devriez en profiter ! Mais si ces personnes ne lisent qu’occasionnellement et qu’elles ont peur de vous froisser, cela risque d’être plus compliqué.
Un « c’était sympa ! » ne vous aidera pas à perfectionner votre manuscrit, et même si ça peut être une façon de tester votre livre sur le « grand public », c’est aussi le meilleur moyen de passer à côté de tout un tas de détails importants et qui risquent de faire tiquer les autres lecteurices plus confirmés. D’autant que c’est justement ce lectorat précis qui vous laissera des évaluations et se chargera d’en parler autour de lui.
Le mieux est donc de demander à des personnes qui ne sont pas trop proches de vous (ou des proches qui peuvent vous faire un retour honnête), et surtout, qui lisent beaucoup voire écrivent, afin d’avoir un retour le plus aiguisé possible. Vous pouvez essayer de trouver des personnes qui sont prêtes à faire ce travail en bénévole, mais vous pouvez aussi avoir recours à une bêta-lecture professionnelle.
Cependant, il est tout à fait légitime de ne pas vouloir, ou de ne pas pouvoir s’offrir les services d’un·e bêta-lecteurice pro.
Où trouver des bêta-lecteurices bénévoles?
– Les groupes Facebook d’auteur·rices : il suffit de taper « auteurs » dans la barre de recherche Facebook et un certain nombre de groupes devraient vous être proposés. Regardez bien les règles du groupe, mais la plupart acceptent généralement les annonces de demandes de bêta-lectures.
– La communauté d’auteurices sur Instagram : c’est la façon la plus simple de trouver quelqu’un avec qui échanger son manuscrit. Des personnes recherchent quotidiennement des bêta-lecteurices, donc pour peu que vous suiviez un certain nombre d’auteurices sur la plateforme, vous devriez trouver assez facilement votre bonheur.
– Dans les ateliers d’écriture : qu’ils soient en ligne ou en présentiel, c’est l’occasion de rencontrer d’autres auteurices, d’avoir des retours sur vos écrits et peut-être sympathiser avec quelqu’un qui pourra lire votre manuscrit en entier.
– Sur des forums d’écriture (CoCyclics, L’Ecritoire des ombres, Plume d’Argent et bien d’autres) : un investissement sérieux et une participation active sont généralement attendus pour ces forums afin que l’aide apportée ne soit pas à sens unique. Mais bien souvent, l’investissement en vaut la peine. Des autrices comme Christelle Dabos ou encore Eléonore Devillepoix ont par exemple fréquenté le forum Plume d’Argent, donc c’est la preuve que c’est une méthode très formatrice !
– Wattpad : cette plateforme peut être envisagée comme une façon d’avoir une bêta-lecture sur votre livre, voire une alpha-lecture si vous n’avez pas encore terminé la rédaction. Votre lectorat sera normalement directement votre cible si vous gérez bien votre référencement, et cela vous permettra d’avoir des retours chapitre par chapitre, pour pouvoir ajuster chacun d’entre eux.
Notez que pour la majorité de ces méthodes, il est souvent attendu que vous en fassiez de même pour la personne qui vous lira. La bêta-lecture est un travail chronophage : il faut lire de façon analytique, puis prendre le temps de faire un retour assez détaillé, ce qui peut vite monter à une quinzaine voire une vingtaine d’heures en fonction de la longueur du manuscrit. Mais faire de la bêta-lecture est l’un des meilleurs moyens de progresser en écriture, donc si vous avez ce temps, c’est certainement la meilleure solution !
Où trouver des bêta-lecteurices payant·es ?
Si vous n’avez pas ce temps à consacrer pour chaque personne qui vous relira et si vous en avez les moyens, passer par un·e professionnel·le pourrait est une solution plus adéquate. En échange d’une rémunération, vous aurez un retour complet rapidement et vous n’aurez pas à consacrer vos soirées ou vos week-ends à la relecture de manuscrits d’autres auteurices.
Les bêta-lecteurices professionnel·les ont normalement un certain nombre de connaissances théoriques sur l’écriture pour vous aider au mieux à améliorer vos manuscrits. Ils vous donneront donc souvent des conseils pour perfectionner vos écrits, en plus de leur avis, ce qui peut être une bonne façon de faire un bilan de compétences en écriture et d’apprendre des choses qui vous serviront pour vos prochains manuscrits.
Pour en trouver, vous pouvez passer par :
– Les plateformes de freelance et sites spécialisés (Librinova, 5euros, Fiverr, Malt, etc.) : vous pouvez trouver des bêta-lecteurices qui proposent leurs services sur ces plateformes. Cependant, ces sites prennent une commission assez importante sur les ventes (autour de 20% pour la plupart), ce qui impacte généralement les prix proposés par les indépendant·es, et donc votre facture. Mais pour ce prix, vous avez en théorie la protection de la plateforme en cas de problèmes.
– Les moteurs de recherche : vous pouvez trouver des bêta-lecteurices professionnel·les simplement via une recherche. Ce sont ces personnes qui ont le plus de visibilité, mais également le plus de clients. Ils sont donc plus sélectifs concernant leurs manuscrits et le délai est parfois plus long, mais ils ont a priori plus d’expérience dans ce travail.
– Les réseaux sociaux : de plus en plus de lecteurices, de professionnel·les du monde du livre et d’auteurices proposent des services de bêta-lecture rémunérés. Ici, le choix est vaste aussi bien en matière de profils que de prix. Vous pouvez donc avoir de bonnes surprises si vous prenez le temps de chercher. Comme d’habitude, je vous invite fortement à aller voir du côté de la communauté d’auteurices sur Instagram qui est une véritable mine d’or pour trouver quelqu’un qui correspondrait à votre futur lectorat.
Il n’est pas forcément nécessaire de faire appel pour chaque nouveau roman à un·e pro : si le travail a été fait avec sérieux, la personne vous aura normalement indiqué vos points forts et les points à perfectionner pour vos prochains projets, et vous pourrez donc solliciter plutôt des bêta-lecteurices bénévoles.
Les personnes bénévoles, si elles sont investies dans votre manuscrit, pourront d’ailleurs parfois vous être tout aussi utiles qu’un·e professionnel·le pour progresser : beaucoup de personnes ne sont jamais passées par des pro et ça ne les a pas empêché d’être publiées. Donc faites au mieux en fonction de vos moyens et des personnes prêtes à vous aider !
Quelle personne choisir pour relire votre livre ?
Lorsque vous cherchez un·e bêta-lecteurice, il est préférable que cette personne appartienne à votre public cible. Prenez donc le temps de discuter avec elle avant afin de voir si elle correspond bien à votre audience. Vous pouvez aussi tester votre manuscrit sur un profil plus « grand public », mais c’est le lectorat type qui sera le plus exigeant avec vos écrits, et donc auquel il vaut mieux être attentif aux critiques.
Si vous écrivez dans un genre ou sur un thème précis, il peut être intéressant de solliciter un·e bêta-lecteurice qui a des compétences en lien. Par exemple, dans mon cas, j’ai suivi un master en études de représentation, donc je donnerai un retour plus approfondi sur le traitement des groupes minorisés que sur la crédibilité de vos technologies dans le cas où votre roman serait de la hard science.
Il y a d’ailleurs des relecteurices spécialisé·es dans la cohérence scientifique, comme avec la startup UnBlur, ce qui peut être très utile si jamais vous écrivez un roman historique, de la SF ou qu’un aspect de votre histoire repose sur la science !
L’idéal est d’ailleurs de varier les bêta-lecteurices pour avoir plusieurs retours en fonction des sensibilités de chaque personne. Si l’un de vos proches a des connaissances particulières dans un domaine (histoire, psychologie, biologie, physique, etc.), c’est le meilleur moment de le solliciter en plus de vos lecteurices confirmé·es.
Comment devenir bêta-lecteur pro ?
À ma connaissance, il n’y a pas de formations dédiées à ce travail précis. Des études en lettres ou en édition, mais aussi aux techniques d’écriture ou de narratologie comme il y a parfois en études de cinéma peuvent être un bon début pour analyser une histoire, mais ne sont pas des cursus obligatoires pour autant.
Vous pouvez vous former vous-même à l’aide de manuels d’écriture, de masterclass données par des auteurices, et tout ce qui touche de près ou de loin à l’écriture.
Lire beaucoup, et analyser vos lectures en essayant de réfléchir à chaque fois à ce que vous avez aimé, moins aimé et ce qui fonctionne ou pas, permet également de renforcer votre esprit critique. Cependant, même s’il y a évidemment un certain nombre de romans loin d’être parfaits publiés par des maisons d’édition, votre travail d’analyse sera plus superficiel étant donné que le plus gros du travail éditorial aura été fait en amont.
C’est donc surtout lire des textes bruts, en faisant justement des bêta-lectures, qui reste le meilleur moyen pour vous de progresser. Les livres publiés ont souvent eu un travail éditorial très lourd derrière, et c’est important de les lire pour intégrer la « norme » attendue pour les romans parus aujourd’hui, mais faire de la bêta-lecture permet d’être confronté à des manuscrits qui n’ont pas encore été totalement polis. Ces textes permettent alors vraiment de réfléchir à ce qui peut être amélioré pour le transformer en un produit qui correspond aux attentes du marché du livre.
Vous pouvez aussi regarder du côté des livres comme Deviens le bêta-lecteur de l’année ! de Roxanne Dambre ou le Guide du bêta-lecteur de Charlie November qui peuvent être utiles par vos proches bêta-lecteurices, ou peuvent même être un bon début pour vous former vous-même à la bêta-lecture.
J’ai d’ailleurs publié la grille de bêta-lecture sur laquelle je m’appuie pour travailler, si jamais cela peut vous aider à comprendre ce sur quoi il faut faire attention lors de vos lectures.
Une fois que vous vous sentez à l’aise, vous pouvez demander le statut autoentrepreneur et commencer à parler de vos services autour de vous. Vous pouvez consulter l’article que j’ai écrit sur comment devenir sensitivity reader où je reviens notamment sur la rémunération ou comment trouver des clients, et qui fonctionnent un peu de la même façon pour la bêta-lecture pro !
Conclusion
En conclusion, faites donc en fonction de vos moyens et de votre réseau !
Si vos proches sont de grands lecteurs et qu’ils peuvent vous faire des retours honnêtes, il n’y a aucun problème à ce qu’ils vous relisent.
Si vous avez du temps à consacrer à relire d’autres manuscrits, les bêta-lecteurices bénévoles sont la solution idéale pour progresser.
Enfin, si vous n’avez pas le temps mais que vous êtes prêt·es à payer pour ce service, les bêta-lecteurices pro sont un bon compromis.
Je vous conseille par la même occasion d’aller voir l’article très intéressant de Morgane Luc qui déconstruit le mythe du génie solitaire et l’importance d’avoir recours à la bêta-lecture.